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"Blog des Amis du Père Baudouin"
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19 janvier 2008

Triste nouvelle (18.01.2008 - 23h00)

TRISTE SITUATION A L'HÔPITAL SENDWE

18 janvier 2008 - 23:00

Depuis vendredi, le personnel des hôpitaux est en grève dans plusieurs villes du Congo (Kinshasa, Lubumbashi, ...). Cela fait l'objet d'un communiqué de quelques lignes des agences de presse. Mais ... sur le terrain, la situation est inacceptable, scandaleuse. Le Père Baudouin décrit ici cette situation devant laquelle il est désarmé ... mais il se bat quand même ... 

Que faire pour l'aider ? Au minimum diffuser ce message ... Et peut-être lui envoyer un petit signe amical ...

Message reçu le 21 janvier à 8:00

Le travail a repris ce matin Lundi 21 Janvier...jusque quand...on verra. Plusieurs ont réagi et proposé quelque chose pour éviter le renouvellement d'une telle situation : on pourrait créer une petite caisse d'entraide pour gérer cette crise pour les urgences en cas de grève. J'attends toujours d'un lecteur de notre blog : un texte juridique obligeant les hôpitaux et centres de santé, à garder toujours une cellule d'intervention pour les urgences. Je ne sais si je t'ai écrit qu'un des enfants brûlés...qui se tordait de douleur est décédé le samedi matin, en pleine grève.!

Aumônerie Hôpital Sendwe, Lubumbashi
Vendredi, 18 janvier 2008

Chers amis,

Je voudrais partager avec vous ce que nous vivons actuellement à l'hôpital Sendwe, 2ème en importance dans la R.D.C.. Ce matin alors que j'arrivais sur ma petite moto, des pneus en feu devant la porte principale de l'hôpital. Tout le personnel médical en grève, cet hôpital conçu pour 1200 lits, n'en compte en fait que + ou - 500, tous les autres...hors service.  La Gécamines s'est retirée de la gestion de l'Hôpital Sendwe, beaucoup de départs de chirurgiens, médecins, infirmiers et personnels divers. L'Université de Lubumbashi par des moyens "système D", sans financement extérieur est parvenu à remettre + ou - cet hôpital à 30% de ce qu'il était avant le départ massif de ce personnel. Mais ceux qui sont restés n'ont pas de contrat de travail, pas de numéro matricule, sans rémunérations, depuis deux ans, ils reçoivent quelques miettes d'une sorte de prime et tout à fait irrégulièrement. Le gouvernorat aurait du participer au fonctionnement de l'hôpital, il reste silencieux, par contre on reçoit l'une ou l'autre ambulance, mais surtout des camions corbillards....la morgue est de loin la "salle" la plus fréquentée. Deux frigos pour  cadavres accueillent les visiteurs à l'entrée principale... ils y sont depuis des mois, trop grands pour les faire rentrer dans la morgue. Le personnel n'a aucune sécurité de travail alors qu'il est exposé à toutes sortes de maladies contagieuses sans aucune primes de risque. Le personnel demande d'avoir recours à un syndicat légalement reconnu. 

N.B. je me suis inspiré d'un tract distribué par le personnel pour justifier leur grève : nous lisons en finale : "Loin de nous toute velléité gréviste ou de procéder à un arrêt sauvage du travail pouvant préjudicier les malades et toute la communauté, nous restons disposés à toute sorte de négociations dans l'intérêt et le respect des vies humaines. Nos sentiments patriotiques". Fin de citation.

Cette grève est compréhensible, ce personnel doit vivre et faire vivre leur famille. Ce qui est moche et que j'ai voulu partager avec vous c'est qu'il n'y a pas un personnel minimum pour assurer les urgences. Depuis 15 heures, jusque cette nuit à 23 heures : je suis passé dans chaque salle : pas un infirmier, pas un stagiaire, pas un médecin...sauf un qui n'a pas voulu m'entendre. Puis j'ai été chez les grands brûlés (salle juste à côté de notre chapelle), personne pour assurer une présence médicale, alors que toute une famille depuis trois jours se tordait de douleur : 3 enfants et un adulte (ce dernier avait voulu vendre la nuit une bouteille d'essence à un client nocturne, il avait demandé à un des enfants de l'éclairer avec...une bougie, ce fut la catastrophe). Ils ont été accueillis à Sendwe. Quand je suis arrivé dans cette salle : une odeur insupportable, les pansements pas renouvelés. Nous avons préparé tout ce qu'il fallait pour les soigner et adoucir leurs douleurs...mais personne pour faire les piqûres et mettre les baxters.

J'ai téléphoné à une émission T.V. pour alerter l'opinion publique... réponse : nous envoyons un journaliste avec caméra....nous l'attendons toujours ! Trois heures après, il n'y avait pas de journaliste disponible, nous viendrons demain à 6 heures du matin...! J'ai téléphoné à un médecin...impossible, je ne peux venir. J'ai pris contact avec deux avocats : l'un...je suis malade au lit, l'autre...j'ai une plaidoirie demain matin.! Je téléphone à un Inspecteur de police (j'avais aidé son ami lors de l'opération des Médecins sans vacances) :   Impossible de venir ce soir,....demain matin. Aux autorités religieuses...aucune suite.  Tout à fait découragé, après des dizaines de coups de téléphone.... brusquement une infirmière est arrivée, elle avait déjà travaillé toute la matinée.  Elle a fait tout ce qui était le plus urgent. On a préparé avec notre équipe de l'aumônerie des gazes, bandages etc. pour mettre dans l'autoclave. Tout était prêt, on va aux services des soins intensifs....personne, tout est fermé. Tous les instruments pour stériliser à chaque étage sous clés, portes fermées. Impossible de changer les pansements.

C'est vraiment honteux. Je voudrais demander aux spécialistes du droit civil parmi nos lecteurs :

que dit la Loi pour le droit aux grèves dans les hôpitaux, concernant un service minimum pour assurer les cas graves et urgents. Ici un des deux avocats, a prétendu qu'en cas de grève il n'y a rien de prévu pour assurer une petite permanence minimum. J'ai vu et compris une chose, ce n'est pas la première fois : c'est la peur.... Beaucoup ont tout simplement la trouille des représailles. J'ai essayé de téléphoner au Directeur, probablement en voyant mon nom...il n'a pas voulu répondre.!!!.

J'avais profité de cette absence de tout le personnel : visite des toilettes : une saleté inimaginable pour un hôpital. Pas une goutte d'eau....alors qu'en grande pompe il y avait eu des félicitations officielles pour le restauration du château d'eau. Les armoires aux poubelles...comme à Naples!!!! une odeur qui vous prend à la gorge dans les couloirs. J'arrête ici.

J'en suis dégoûté. Oui à la grève, non à l'absence d'un personnel minimum pour les urgences.

Baudouin Waterkeyn, aumônier catholique de l'hôpital Sendwe
(adresse Email : waterkeynbaudouin@yahoo.fr - merci pour vos réactions).





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Commentaires
A
par hasard, mais y a-t'il un hasard ? je découvre ce blog, ces problèmes incroyables ! cette douleur humaine, une incapacité à gérer tout cela faute de bonnes volontés. <br /> je souhaite de tout coeur que le meilleur viendra très vite. Je mets ce blog en lien sur le mien et espère que La Providence vous accompagnera.<br /> en union de prière !
D
Bonjour chers amis,<br /> <br /> Je partage totalement l'indignation du père Baudouin. <br /> Ce cas est symptomatique du comportement de 95% des intellectuels de la RDC impliqués dans les organisations publiques, et ce à absolument tous le niveaux de pouvoir.<br /> La jeune Fondation Baudouin Kabimbi Ngoy, que je préside, se bat avec les moyens du bord, pour développer l'éducation à la citoyenneté responsable, dans tous secteurs et à tous les âges. C'est un travail de longue haleine, et indispensable pour que le projet de développement multidimensionnel attendu par nous tous, puisse un jour devenir une réalité. Car tant qu'il n'y aura un groupe suffisamment organisé, d'individus engagés dans ce combat, la grande majorité des personnes utiliseront leur instruction à leur bénéfice égocentrique en bafouant systématiquement les intérêts collectifs.<br /> Dieudonné KABIMBI NGOY<br /> Président de la Fondation Baudouin KABIMBI NGOY
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