Voyage au Maniema
Note : le Père Baudouin a repris ce texte dans sa Lettre communautaire n° 18. Cependant les photos qui l'illustrent n'ont pas été reprises, c'est pourquoi texte et photos ont été maintenus ici.
VOYAGE AU MANIEMA
Octobre-Novembre 2008
par Mady et Yvan Beeckmans
Et oui, le voyage a eu lieu, le retour de Padri Baudouin dans ces villages qui l’ont vu vivre ses premières années de missionnaire, ces retrouvailles nous les avons vécues dans l’émotion, la joie profonde et vraie, l’exubérance, avec intensité.
Quel beau pays que ce Maniema !
Premier flash, majestueux, le fleuve Congo à hauteur de Kindu. Instants magiques lorsque le soleil fait miroir sur cette étendue d’eau jusqu’à l’horizon. Mais aussi, pour nous qui visitons ce pays d’Afrique pour la première fois, sur le bac durant la traversée, nos premiers contacts directs avec la population intriguée par notre présence.
Baudouin nous parait anxieux, se souvient-on de lui ? que va-t-il retrouver ? sa santé lui permettra-t-elle de vivre le programme de ces prochaines journées ?
Nous quittons – en voiture – les rives du fleuve pour se retrouver très vite en forêt, sur la piste qui doit nous mener à Kakutya ( à 5 kms de Kalima ).
Pays vallonné, collines couvertes par la végétation, très diversifiée, des arbres magnifiques…. et aussi des cours d’eau qui se perdent sous la frondaison de cette nature luxuriante.
Nous allons très vite percevoir la qualité de l’accueil qui attend le Padri Baudouin …car tout au long du parcours , lors des traversées des villages successifs, des groupes d’hommes, de femmes et d’enfants guettent son passage.
Chants, danses, discours, remises de cadeaux mais surtout beaucoup d’émotion dans le dialogue entre le Padri et les groupes de villageois. Baudouin retrouve le sourire, oublie ses maux. Le lendemain, journée prévue à Lubile , village qui lui réserve un accueil très chaleureux – fête sous l’arbre des palabres – messe festive dans la petite église construite il y a près de 50 ans – chants, danses , discours … repas en commun préparé par les mamans.
Après une nuit de repos, fête à Kakutya paroisse fondée par les pères Blancs …magnifique célébration africaine dans une église trop petite pour accueillir tous ceux qui voulaient remercier le Padri. Une chorale de 100 personnes, un groupe bien harmonieux de petites danseuses habillées toutes en blanc, la joie de retrouver le P. Baudouin qui a laissé dans le souvenir des anciens et dans la tradition orale tant d’anecdotes qu’aujourd’hui encore elles font rire tous ses amis.
Malheureusement toutes ces manifestations de joie et de sympathie ne peuvent masquer les réalités de la vie quotidienne. Les conséquences des guerres qui ont sévi au cours des dernières années sont encore bien présentes …..cette folie de destruction, cette volonté d’anéantissement a laissé une situation désastreuse…L’abandon des exploitations industrielles à Kalima a supprimé les revenus d’une large part de la population …Tout est problème.
Un groupe d’hommes, originaires de ces villages, qui aujourd’hui travaillent à Kinshasa ou Lubumbashi, professeurs, éducateurs, de profession libérale ou commerçants, ont décidé de se regrouper pour apporter au territoire de Pangi ( région du Maniema ) une aide pour améliorer le sort des populations.
Ils y étaient scouts, jeunes étudiants, et le Père Baudouin était leur aumônier. Le souvenir du dynamisme du P. Baudouin les a conduit à engager des actions pour sortir ces populations de leur isolement : amélioration et entretien des pistes,reconstruction de certains ponts, mise en activité de moyens de production alimentaire ( pisciculture, culture du riz ….), amélioration des soins dans les dispensaires …
A l’occasion du jubilé de 50 années de vie du P. Baudouin en République du Congo, le professeur Joseph Kokonyangi ( université de Tokyo ) lui a proposé un retour aux premiers postes des années 1958-1975, et d’y créer « La Fondation Père Baudouin Waterkeyn » pour assurer le suivi de leurs actions de redressement des conditions de vie locale.
Ce groupe fut le moteur de notre voyage.
Après Kalima, retour à Kindu pour se diriger dans une autre direction vers Kampene où « le Padri » a passé près de dix années de sa vie.
Il nous a fallu plus de dix heures pour atteindre Kampene, situé à 140 kms de Kindu. Mais tous les problèmes rencontrés nous ont aussi donné l’occasion de côtoyer la population des villages et d’admirer cette nature, cette forêt luxuriante.
A Kampene, accueil enthousiaste, arcs de triomphe, chants, danses et discours !
Deux moments chocs : la rencontre avec les jeunes, 3 écoles ( 2 primaires, 1 secondaire ) 2400 élèves !, la visite de l’atelier pour handicapés, fondé par le Padri. Malgré la destruction et le vol de « tout l’équipement » lors des guerres précédentes, cet atelier aujourd’hui permet à une vingtaine d’handicapés de travailler et donc de subvenir (modestement…limite de la survie ) à leurs besoins …couture, cordonnerie, menuiserie, vannerie…..
Rendons hommage à la tenacité, au courage de Joseph Kamatica responsable de cet atelier. Rendons hommage au courage de ces hommes et de ces femmes. Là aussi nous avons vu des voiturettes pour handicapés expédiées de Belgique !
Grand merci à Baudouin de nous avoir donné l’occasion de l’accompagner dans ce retour au Maniema.
Grand merci au professeur J. Kokonyangi et à son équipe pour avoir organisé cette expédition de main de maitre.
Grand merci aux curés des paroisses de Kakutya et de Kampene de nous avoir accueillis avec tant de gentillesse, de disponibilité, et de convivialité.
Mais notre séjour n’était pas fini, nous avons repris l’avion avec Baudouin jusqu’à Lubumbashi pour rejoindre la communauté des Pères Blancs.
Après un jour de repos, nous avons visité l’hôpital Sendwe dont le Père Baudouin assure l’aumônerie.
Le Père Baudouin a largement décrit dans ce blog les problèmes rencontrés, la situation d’abandon, l’état de délabrement de cet hôpital… où se retrouvent les plus démunis car dans l’impossibilité de payer les coûts journaliers demandés dans les autres hopitaux de la ville. Nous n’avons pu retenir notre désarroi et notre émotion devant tant de souffrance physique et morale, devant un tel chaos.
Il est tout simplement « indigne » d’un état, d’une province, d’une ville dont le sous-sol est parmi les plus riches du monde, de faire preuve d’une telle incompétence de gestion de cet hopital, d’un tel dédain, d’un tel abandon. Et le Père Baudouin, aidé par sa petite équipe, tente d’alléger tant soit peu, la douleur des uns et la désespérance des autres.
Heureusement nous avons pu retrouver confiance dans la vie lors de la visite de la « Cité des Jeunes », à Lubumbashi, tenue par les pères Salésiens dont le centre de formation professionnelle est essentiel pour l’avenir de cette ville. Visite aussi de 2 paroisses situées dans la cité et tenues par les Pères Blancs confrères du Père Baudouin…..sources d’espoir pour l’avenir.
Grand merci à la communauté des Pères Blancs pour leur accueil amical.
A bientôt , Baudouin
Mady et Yvan Beeckmans
par Yvan et Mady Beeckmans